Le perfectionnisme : la recherche de la perfection
Être parfaite. Rien de moins. C’est à cela que j’aspirais lorsque j’étais petite. Ma grand-mère m’avait offert un disque : les 10 chansons du savoir-vivre. Mon père était très insulté, on peut le comprendre… Mais moi, j’écoutais les chansons, et je m’efforçais d’être toujours polie, obéissante, de bonne humeur… Bien sûr, je n’y arrivais pas, et je m’en voulais de ne pas réussir. J’étais déjà sous l’emprise du perfectionnisme.
Mon livre préféré était Les petites filles modèles. Je l’ai relu de nombreuses fois.
À l’école, je visais 100 %. Je n’acceptais aucune faute dans ma dictée. Et lorsque j’avais une erreur, je m’empressais de la corriger et d’aller voir le professeur pour obtenir la note parfaite.
Autant dire que depuis mon tout jeune âge, j’ai été très exigeante envers moi-même. Et cela m’a amenée à m’oublier pour faire plaisir aux autres.
Dire non au perfectionnisme : se donner le droit d’être imparfait
Aujourd’hui, c’est encore un aspect sur lequel je travaille beaucoup : m’autoriser à être imparfaite, à me tromper, à omettre des choses. En fait, ce qui se cache derrière cette recherche de la perfection, c’est la peur. La peur du jugement. Et souvent, ce n’est pas du jugement des autres dont j’ai le plus peur, mais de mon propre jugement. De me décevoir.
Pourtant, à l’inverse du perfectionnisme, se tromper et oublier aide à mettre plus d’attention sur ce qui est important, ou sur ce que je veux améliorer. En d’autres mots, lorsque je me rends compte que j’ai omis quelque chose, en fait, cela m’indique ce qui est primordial pour moi.
Un exemple : dans le dernier courriel que j’ai envoyé à ma liste d’abonnés, je n’ai pas personnalisé mon message. Je testais une nouvelle plateforme d’envoi de courriel ; j’étais concentrée sur la technique, et j’ai oublié d’y mettre mon cœur. En effet, je n’ai pas mis de salutation personnalisée au début de mon texte, et je n’ai pas ajouté ma signature. Après l’envoi, lorsque j’ai réalisé mon oubli, j’étais fâchée contre moi-même. Puis, je me suis dit : cette expérience m’a permis de voir ce que je trouve vraiment important ! C’est ça, se détacher de la perfection. C’est oser être imparfait, pour mieux s’améliorer. Et la prochaine fois que la situation se présentera, je vais certainement y penser.
D’ailleurs, lâcher prise sur le perfectionnisme a plusieurs bienfaits. En voici quelques-uns.
1. Passer à l’action
Attendre que tout soit parfait mène tout droit à la procrastination. Encore une fois, c’est cette peur du jugement, d’essuyer un refus, que ce ne soit pas assez bien, qui me fait repousser l’échéance.
Lorsque j’arrive à me dire : « Ce n’est pas parfait, mais c’est OK », je franchis la première étape vers l’action. J’accepte de montrer ma vulnérabilité, de commencer, de faire un premier petit pas vers mon objectif. Je me libère doucement du perfectionnisme. Voyez-le comme ceci : au lieu de chercher à produire un résultat impeccable du premier coup, je crée un premier résultat, puis je m’ajuste, je peaufine, j’améliore petit à petit. De cette façon, j’agis et je corrige, plutôt que de rester dans ma tête et penser à la meilleure façon de le faire.
L’avantage ? J’atteins mes objectifs plus rapidement, car le mouvement engendre le mouvement. Accomplir une foule de petites actions vers mon but me fait toujours avancer un peu plus, et cela me motive. Alors que si je ne fais que penser sans agir, le temps passe, et je me décourage.
2. Gagner du temps
Combien de temps perdez-vous à peaufiner et réviser votre travail dans l’espoir d’atteindre ce cher idéal ? Vouloir la perfection à tout prix nous vole énormément de temps et d’énergie.
Bien sûr, passer à l’action avant que tout soit parfait implique de prendre du temps à ajuster par la suite ; cependant, la différence est que ce temps est beaucoup plus productif, car il travaille pour vous ! Au lieu de n’être que dans votre tête, vos actions sont maintenant à l’extérieur de vous et rejoignent d’autres personnes ; celles-ci peuvent à présent vous apporter leur temps et leur énergie sous forme de conseils, de rétroaction et de possibles solutions d’amélioration. C’est comme si chacune des personnes atteintes par vos actions doublait vos réserves de temps et d’énergie !
3. Travailler sur soi
Vouloir que tout soit parfait provient beaucoup de l’égo. En pratiquant le lâcher-prise, je me libère automatiquement de celui-ci. Je commence à le dépasser, à comprendre que je ne suis pas mes pensées, et que ces sentiments naissent de mes blessures.
Comment lâcher prise sur le perfectionnisme ? Une des façons que j’utilise est de me poser des questions : qu’est-ce qui est le plus important pour moi ? Quelle est la chose que je veux accomplir ? Si ce n’est pas parfait, qu’est-ce que cela implique ? Lorsque je réponds à ces interrogations, je me donne le droit de ressentir la peur de me tromper, de faire les choses différemment, d’avoir peur du jugement. En même temps, je m’assure d’être authentique, de verbaliser ce que je ressens, de me montrer vulnérable.
Je n’ai pas toujours la réponse exacte, et c’est OK. Lorsque je bloque, et que j’hésite à continuer, je repense à ce que j’ai accompli dans les derniers jours, semaines, et mois. Je réalise que si j’avais attendu la perfection, je n’aurais jamais réussi tout cela, et je ne serais pas où je suis aujourd’hui. Je ne serais pas la personne que je suis devenue.
4. Réaliser des objectifs
J’ai passé quarante ans de ma vie à attendre cette perfection… Et à laisser mes rêves dans un tiroir. Lorsque je me suis enfin donné le droit d’être humaine, dans toute mon imperfection, j’ai entrepris de vivre pour moi. Je me suis choisie. J’ai commencé à jouer au tennis. J’ai suivi des cours de Zumba. J’ai suivi des cours de chant. J’ai donné des conférences. J’ai écrit un livre. J’ai participé à un événement de réseautage. Je suis allée seule assister à une conférence. J’ai rencontré de nouvelles personnes. J’ai réalisé des rêves. Et j’ai accompli tout cela en m’éloignant du perfectionnisme.
Alors, comment se libérer du perfectionnisme ?
La première chose à faire est d’en prendre conscience. Observez-vous, et remarquez les moments où vous repoussez une échéance, où vous choisissez une activité plutôt qu’une autre, où vous refusez d’accomplir une action.
Puis, demandez-vous : quel est le pire scénario qui peut se produire ? Et si cela arrive, comment vais-je y répondre ? C’est une façon de vous préparer à ce qui vous fait peur. En faisant cela, vous vous en libérez doucement.
Finalement, faites des expériences. Lancez-vous. Osez avancer, faire une petite action, aussi imparfaite soit-elle, et prenez ensuite le temps de vous ajuster. En d’autres mots, passez à l’action malgré l’imperfection, allez chercher de la rétroaction, apprenez de vos erreurs, puis améliorez le tout, et faites des ajustements pour la prochaine fois.
” Toutes les portes mènent quelque part, et vous le découvrez seulement lorsque vous les avez franchies. “
John P. Strelecky, Le retour au Why Café.